Euston Alzébel

featuring blake belladonna

Tu sais le plus souvent c'est qui pousse les gens à se remettre en question

Si Bale était une matière, elle serait du palladium. Cupide ; Égoïste ; Corrompue. Alzébel se vend au plus offrant. Sa lame, parfois. Venant d'une famille de chasseurs, elle est connue du milieu et plutôt estimée par ses confrères. Elle est réputée pour faire un travail propre, discret et sans mauvaise surprise ... pour un prix bien sûr exorbitant. Ses services, souvent. Bale la mercenaire. Beaucoup la connaissent et peu lui font confiance. Souvent engagée par des hommes fortunés, elle fait partie de ces vauriens qui ne sont fidèles qu'à l'argent. Donnez-lui en plus et soyez sûr qu'elle changera de camp. Son corps ... jamais. Alzy possède un principe. Un seul ; ne jamais vendre sa chair. Et elle s'y tient. Elle n'est pas une fille de joie, de confort ou autrement dit une pute. Elle s'estime beaucoup trop pour ça. Aussi, même contre la somme la plus faramineuse qu'on puisse lui offrir, elle n'ouvrira jamais les jambes.


Si Bale était un animal, elle serait une panthère. Curieuse ; Farouche ; Violente. Logique, elle est tout de même une hybride. Mais alors que d'autres renient et oublient leur semi-nature, celle-ci s'exprime totalement chez Alzébel. Plus qu'une humaine, elle est une panthère. Est-ce de la sauvagerie ou de la timidité ? De la peur ou de l’agressivité ? Bale fait un pas en avant, deux en arrière. Elle montre les crocs lorsqu'on s'approche trop, semble curieuse dès qu'on recule. Elle observe. Détaille. Avance et recule. Elle sonde les personnes qui l'entourent, tentent de les percer et de lire en eux. Et cela pour quoi ? Car Alzy est une chasseuse. Et comme toute bête en traque, elle ne s'attaque qu'à une proie à sa portée. La faiblesse est une chose qui l’écœure, qu'elle ne peut comprendre. Dans un monde aussi dur, cela ne devrait pas pouvoir exister. Les faibles vivent au dépend des plus forts. Soyez frêle ou délicat, Alzébel vous sautera au cou. Montrez-lui votre force et elle s'inclinera.

Si Bale était une couleur, elle serait le rouge. Belliqueuse ; Impulsive ; Paradoxale. Elle ne vit que pour le sang. Que pour l'action. Alzy est un concentré de muscles, d'adrénaline et violence. Elle ne peut rester en place plus de quelques heures sous peine de se sentir oppressée, conditionnée. Tel un animal sauvage, elle ne supporte l'inactivité que lorsqu'elle se sent en sécurité. Autrement dit jamais. Alors elle fini par exploser, par tout briser ; comme une envie de crier, d'hurler qu'elle existe et que jamais elle ne sera emprisonnée. Bale tue pour vivre et se bat pour respirer. Elle recherche des sensations fortes, des situations dangereuses. Elle veut que le sang coule à flot ; le sien, le leur. Celui du monde entier s'il le faut. Quel qu'en soit le prix, quel qu'en soit la morale, Alzébel veut renaître. Et pour cela, quelqu'un doit mourir.

Pourquoi rechignes-tu alors qu'il ne changera sûrement jamais ?

Il existait, il y a plusieurs années maintenant, une meute d'hybrides sous-estimée et rejetée par leurs confrères. Elle vivait recluse dans de hautes collines à la frontière de la forêt de Greycos et des montagnes de Stemma, dormant à même le sol et se nourrissant de charognes. On les nommait les Vorns, le peuple pauvre des félins. La raison de leur exclusion est vite tombée dans l'oublie, remplacée par un sentiment d'injustice et de cruauté. Happés par les limbes de l'ignorance, les descendants de cette tribu ont rapidement demandé vengeance. Les félins se sont réveillés. Ils devinrent alors des chasseurs. Et la traque commença.

L'auberge de Sindarin n'avait jamais été aussi bondée. Voleurs, mercenaires et filles de joies déambulaient dans la petite taverne. Ils empestaient la sueur, l'alcool, parfois même le vomi ou le sang. L'un d'eux hurlait plus fort que les autres. Un bagarre ne tarderait pas à éclater. D'abord entre deux hommes, puis leurs voisins et finalement toute l'assemblée s'embraseraient dans le feu de la violence.

« Elle s'appelle Alzébel. Elle a douze ans. Descendante directe des chefs de meutes et second enfant de Stoech, elle est pré-destinée à devenir une chasseuse. Une traqueuse. Une tueuse. Son entrainement commencera à la première lune de la nouvelle année. Il ne se finira que sept ans plus tard. »

Malgré le monde, elle est assise seule à une table. Alzébel la mercenaire. Personne ne connait son ascendance et, pourtant, elle est tout aussi rejetée que ses ancêtres. La seule différence, qu'elle le veut. Un peu plus tôt dans la soirée, un jeune homme est venue s'asseoir à sa table. Elle n'a eu qu'a remonter la lèvre supérieure, dévoiler ses crocs, et l'impudent s'en est allé. Ces gens, elle ne les déteste pas forcément. Au contraire, certains lui semblent même plutôt amusants. Mais en tant qu'hybride tuant d'autres hybrides, elle ne peut se résoudre à sympathiser avec eux. Ce serait contraire aux règles.

« Elle s'appelle Alzébel. Elle a quinze ans. Les règles sont les premières choses qu'on lui a apprit, qu'elle a assimilé. Comme un conditionnement, on les répète aux jeunes enfants afin que jamais ils ne s'en détournent. Les règles sont simples. Pas de lien. Pas d'amour. Pas d'amitié avec les autres hybrides. Juste la vengeance. Rien que la vengeance. »

Manipulant délicatement une chope de bière à peine entamée, elle observe les personnes l'entourant. La bagarre a fini par éclaté et, étrangement, cela n'a pas tourné au général. Un groupe d'hommes se sont rassemblés en arc-de-cercle autours des  combattants et les acclament. Bale se désintéresse totalement du spectacle et continue son inspection des lieux. Son regard passe sur chaque visage, sur chaque oreilles et chaque queue voyante. A sa ceinture, la lame de son kriss brille à la lumière de sa bougie. Oui, Alzy est en service. Pas pour la meute. Pas pour un particulier non plus. Si elle est en chasse, c'est uniquement pour elle-même.

« Elle s'appelle Alzébel. Elle a dix-sept ans. Elle a passé le test du sang. Son premier cadavre. Sa première vie volée. Et ce que sa tribu appelle la première résurrection. Car il est dit dans leurs folklore que lorsqu'un Vorn vient au monde, il ne possède pas d'âme. Il doit la gagner, et ce au prix de vies d'hybrides. Rejeté ; humilié ; rabaissé. Un Vorn ne renaît que dans le sang de ses ennemis. »

Un sourire s'étire alors sur ses lèvres. Elle a repéré la proie parfaite. Un chien. Peut-être un loup. Ses deux grandes oreilles pointent sur son crâne et sa queue touffue s'agite énergiquement. Il semble apprécier le combat. Un peu plus et Bale se serait presque attendue à voir une langue pendre de sa gueule entrouverte. Puis soudain, comme alerté par un sixième sens, le cabot s'agite. Il parcourt la salle du regard. Frémit en rencontrant celui d'Alzey. Les doigts de cette dernière glissent le long de sa chope, frôlent la table et viennent rencontrer le manche de son kriss. Elle se lève.

« Elle s'appelle Alzébel. Elle a dix-neuf ans. Son entrainement vient de prendre fin. Bientôt, elle quittera les siens et prendra le chemin de la ville. Tel est son choix. Mais qui ou quoi qu'elle devienne là-bas, jamais elle ne pourra se détourner de la meute. Elle est née chasseresse ; elle mourra comme telle. Les Vorns s'en assureront. »

Bale avait douze victimes à son actif depuis son arrivée à Veritàs. Ce soir-là, le chien devint sa treizième.

Seul toi sais qui tu es vraiment tu l'aimes comme tu la déteste

Bale est une fille comme les autres. Elle n'a rien de spécial, rien de subjuguant. Une petite taille, une musculature fine et l'élégance commune aux félins, voilà ce qu'il suffit à la décrire grossièrement. Certains s'attardent parfois sur sa chevelure, d'autres sur ses yeux. Mais c'est une attention brève, éphémère, et le visage de Bale retombe aussitôt dans l'oublie. On se souvient de son nom, jamais de son physique. Pourtant, on ne peut le nier, elle correspond aux critères de beautés des humains. De longs cheveux châtains, s'éclaircissant vers des teintes rousses en été et fonçant vers le brun en hivers, des prunelles d'une couleur délicatement ambrée, des formes peu marquées mais tout de même visible ... Alzébel est une belle panthère. Mais une panthère discrète.

Le plus souvent vêtue d'une longue cape à capuche, elle tente au maximum de dissimuler les traits fins de son visage et l'allure de son corps. Cet habit, très couvrant, lui permet de plus de cacher l'arme qu'elle porte à la ceinture, d’aplatir ses oreilles sur son crane et de masquer sa longue queue. Elle force aussi son regard à être fuyant ; elle sait très bien quel effet peuvent avoir ses yeux perçants lorsqu'elle fixe trop longtemps une personne. Pour ce qui est de ses crocs ... Alzébel ne sourit tout simplement pas, où du moins pas à pleines dents.

Elle recherche avant tout l'anonymat ; dans son métier, il est essentiel de ne pas être reconnu.

 

L'imbécile derrière l'écran. Oui, vous. °°

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